Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 26 mars 2003
Éducation

16 000 assistants d'éducation remplaceront progressivement les surveillants et aides-éducateurs à partir de la rentrée 2003

Le ministre de l'Education nationale a présenté, mardi, aux députés son projet de loi fixant le statut des 16 000 assistants d'éducation appelés à remplacer progressivement les surveillants et aides-éducateurs à partir de la rentrée 2003. Prenant le relais des syndicats, le PS a entamé une véritable guérilla parlementaire. "Ce système sera meilleur et pour les étudiants et pour les établissements", a justifié Luc Ferry, dont c'était le premier "grand oral" à l'Assemblée nationale. Selon lui, les étudiants qui fourniront le gros des troupes des assistants d'éducation pourront mieux suivre leurs études. Et les écoles, collèges et lycées pourront recruter eux-mêmes leurs assistants d'éducation. Surtout, le ministre s'est livré à une virulente charge contre le gouvernement Jospin, coupable d'avoir "empilé des statuts insatisfaisants" en créant en 1997 les emplois-jeunes (appelés aides-éducateurs dans l'enseignement) à côté des maîtres d'internat et surveillants d'externat (MI-SE) dont le statut date de 1937. Il a souligné les failles du dispositif des emplois-jeunes, "traitement artificiel et étatique du chômage". "Rien n'avait été prévu par le précédent gouvernement pour la sortie du dispositif : ni titularisation, ni indemnité de chômage", a-t-il dénoncé, rappelant que certains élus de gauche avaient eux-mêmes parlé de "grenade dégoupillée"... Luc Ferry devra toutefois prendre son mal en patience : quatre journées de travail ont été programmées pour venir à bout des 3 057 amendements déposés principalement par le PS. Les amis de François Hollande n'ont d'ailleurs pas manqué d'imagination, un amendement proposant d'interdire au ministre de l'Education de publier un livre durant ses fonctions, comme Luc Ferry doit prochainement le faire. Plus que le texte, son prédécesseur socialiste Jack Lang a montré du doigt "une véritable saignée" de l'éducation. "Je n'ai pas souvenir qu'au cours des quinze dernières années, même sous un gouvernement de droite, on ait pu à ce point taper aussi fort", a-t-il déploré, fustigeant des mesures "de régression, de restriction, d'étouffement". "Il faut sonner le tocsin !" Réprouvant à demi-mot la guérilla menée par son allié socialiste, le président du groupe PCF Alain Bocquet entendait surtout se battre "sur le fond". "Nous ne pensons pas que ce soit utile de noyer cette question importante au milieu d'un flot de discours et de faire passer à la trappe la question en débat", a-t-il sermonné. La gauche ne sera peut-être pas seule à voter contre le texte. Une partie des députés UDF menace de s'opposer lors du vote solennel mardi prochain, pour dénoncer la politique du gouvernement dans le domaine scolaire. "On a un sentiment d'impréparation et de bricolage", a déploré leur porte parole, François Sauvadet. "Le climat n'est pas bon actuellement dans l'Education nationale, il y a un fort sentiment d'incompréhension, il faut que le gouvernement le lève". Très critiqué par les syndicats scolaires, le texte prévoit l'embauche de 16 000 assistants d'éducation à la rentrée 2003 dans le cadre de contrats de droit public, pour une durée de trois ans renouvelable une fois. Ces postes devraient être réservés en priorité aux étudiants boursiers, essentiellement à mi-temps. Ces assistants viennent remplacer les 5 600 surveillants et 20 000 aides-éducateurs dont les postes ont été supprimés dans le budget 2003. Ils devraient progressivement remplacer ces deux dispositifs. Leur mission : encadrer et surveiller les élèves. Parmi eux, 6000 seront affectés à l'aide aux élèves handicapés. Pour financer sa réforme, le gouvernement a mis la main à la poche : le dispositif devrait coûter 109 millions d'euros en 2003.

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